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5 août 2023 6 05 /08 /août /2023 14:30
L'imaginable Pont mobile de Gournay (sur Marne)

 

Dans cet essai d’image, nous voyons une représentation de ce fameux Pont mobile, avec sa partie centrale qui semble inexistante… Mais, si vous regardez bien, avec minutie, vous apercevrez que la pile centrale, ronde dans la rivière, supporte un tablier qui se superpose au tablier accroché à la rive droite, au Fort.

 

L'imaginable Pont mobile de Gournay (sur Marne)

Sur cet extrait, carte de 1690 Des Environs de Paris, dessiné par De Fer géographe (1647-1720 Gallica BNF) on distingue bien que le Pont de Gournay est sectionné en trois tabliers dont celui du centre est manquant. (Et ce plan en trois sections est unique dans toutes les représentations de ce Pont de Gournay.)

Un petit fortin en haut pour la route allant à Chelles et en bas un ensemble de vie avec le Fort, le Château et le Prieuré. (Représentés par des petits dessins formant symboles, tous les mêmes, pour les autres lieux de cette cartographie).

Le tout évidement, pour la sécurité de l’époque, entouré de remparts avec, comme protection au Sud, les fossés du Bras Saint-Arnoult pour le Fort protégé par un pont levis…

 

Voici la description de ce Pont mobile de Gournay:

C’est là l’ingénieux système élaboré par le constructeur de ce Pont, qui c’est abondamment inspiré du grand Maistre Francesco di Giorgio Martini, 1439-1502, avec son inépuisable Traité des machines et engrenages servant à tout ce qui demande force et travail surhumain…

 

 

L'imaginable Pont mobile de Gournay (sur Marne)

Le principe premier est que ce tablier central est « équilibré » depuis la pile ronde qui lui sert de pivot. C’est à dire qu’il s’agit de la mise en application, simple, de la « balance romaine », dont le poids est égal à droite et à gauche du pivot vertical:

 

Réglé par le plomb qui se trouve dans un caisson à la pointe gauche de ce tablier, ce poids de plomb A est égal à tout le tablier B central. Celui-ci peut ainsi facilement pivoter sur lui même, pour venir s’accrocher à la section Nord du troisième tablier du Pont.

 

 

L'imaginable Pont mobile de Gournay (sur Marne)

Le deuxième principe, que l’on peut voir par cette image, est le procédé ancien du roulement à boules. Celui-ci va permettre, aux deux tabliers qui se superposent au dessus de la pile centrale ronde, de coulisser, en douceur sur lui même…

A,  est le poids de plomb

B, le tablier tournant

C, le pivot de métal qui s’enfonce dans la pile

D, le roulement à boules

E, la pile fixe du pont dans la rivière

 

 

L'imaginable Pont mobile de Gournay (sur Marne)

D, Le roulement à boules: ce plateau est de diamètre aussi grand et puissant que possible, sous le tablier. Il mesure environ 6 pieds de large, comme le plateau du tablier. Les deux parties qui le composent, la partie fixe et celle amovible, sont creusées, identiquement, d’un demi-godet pour recevoir la boule de bois F, qui mesurera environ 1pied de diamètre (fait du bois le plus dur que l’on connaisse).

(13 godets et boules au lieu de 12, n’étant pas ainsi obligé de réclamer, pour la protection divine du Pont, la bénédiction des moines du Prieuré).

 

L'imaginable Pont mobile de Gournay (sur Marne)

 

Le troisième système est celui des deux chaines ( ou cordages plus facile à remplacer) qui vont permettre, depuis le quai du Fort, de faire coulisser le tablier pour le faire tourner. C’est dans la masse du bois que les deux goulottes seront creusées, pour recevoir les deux chaines, sur tout le pourtour du roulement tournant supérieur.

 

L'imaginable Pont mobile de Gournay (sur Marne)

Les deux chaines sont tenues par les anneaux de métal vissés dans la masse du bois.

Dans l’image dessiné du Pont, on voit que deux soldats sont à la manoeuvre avec les poulies sur le quai de droite. Ce sont eux qui règlent à volonté et en coordination, le tablier mobile, sur l’ordre immédiat du Chef de surveillance du Pont (en cas de danger) situé en hauteur sur la nacelle servant de tour de guet.

 

L'imaginable Pont mobile de Gournay (sur Marne)

Sur cet exemple on comprend son fontionnement:

Si l’on enroule la chaine N° 2 sur le treuil du quai, le tablier se déplace seul, en demi rotation circulaire, pour aller se bloquer sur la rive Nord du pont, ainsi il est « Ouvert «.

 

A l’inverse, quand on treuillera la chaine N°1, le tablier reviendra à sa position « Fermé-sécurité ».

 

L'imaginable Pont mobile de Gournay (sur Marne)

Le rendement, pour la précision de l’ajustement entre eux des trois tabliers du Pont, sera fait en inversant ces tirants en direction des treuils sur le quai.

Ce travail d’ouverture-fermeture du Pont peut également servir pour le passage des barges de transport trop volumineux en période de niveau élévée de la rivière. La Marne à Chelles-Gournay ayant une différence de niveau d’eau « été hiver » pouvant atteindre plus de 12 pieds de haut.

Au delà devient possiblement une crue catastrophe pouvant emporter l’édifice entier…

 

(Nota: le SUIF de boeuf sera prescrit pour graisser les goulets, les boules et les treuils, avant chaque hiver de préférence)

(Petite précision sur les mesures anciennes: 1 pied = 33cm environ.

On ne comprend toujours pas pourquoi l’auteur de ce texte s’évertue à donner des mesures en pieds ?)

 

L'imaginable Pont mobile de Gournay (sur Marne)

Représentation de Gournay par Claude de Chastillon 1559-1616 donc la plus ancienne vue connue avec ses fortifications, cette image pose un vrai problème de volume, d’habitat de constructions et d’eau autour du Fort ? ( voir la  PAGE 12 )

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1523713w#

Si cela était vrai, nous aurions alors le Prieuré inclus dans l’enceinte. De haut en bas, Pont sur la Marne, Pont sur le Bras Saint Arnoult et pont levis sur le rempart de l’enceinte Sud qui longe le ru de Nesle ?  Mais aucune description historique ne nous donne une ville aussi importante ?

 

L'imaginable Pont mobile de Gournay (sur Marne)

 

Pont levis sur le Bras Saint Arnoult à l’époque du Fort de Gournay:

 

Les fourches patibulaires, les potences et les gibets… (collage reconstitution d’après des images de la BNF)

 

L'imaginable Pont mobile de Gournay (sur Marne)

Lectures complémentaires et diverses de Claude Schwartz, que nous remercions, au sujet de ce pont et du dénombrement, par le passé, de la population de Gournay. Il s’agit vraiment d’un autre monde que l’on peine à imaginer tant le vide d’humains régnait dans les paysages des siècles décrits dans ces pages…

 

(Voir plus loin, en 1709 pour la ville de Vaires : 8 Feux !)

 

A Gournay vu la piété et l’honnêteté des sujets,  je pense qu’une potence à deux cordes  devait amplement suffire.

Et puis si le seigneur voulait punir des bateliers de passage particulièrement, malhonnêtes, impies ou  malpolis, on pouvait toujours ajouter des cordes de pendu sous les arches du pont en cas de besoin. Il y avait aussi la menace d’enfermer les malhonnêtes gens dans

la léproserie de Gournay (route de Champs)  qui devait être bien dissuasive.

Ce pont à péage sur la Marne est depuis toujours une source de rentabilité pour les seigneurs du Fort de Gournay. L’autre solution pour traverser la rivière, le bac, il n’est pas non plus gratuit !

 

 

L'imaginable Pont mobile de Gournay (sur Marne)

Sur la place du Fort, après l’entrée Sud par le Pont levis sur le Bras Saint Arnoult

 

( de Claude Schwartz sur ce pont de Gournay):

L'imaginable Pont mobile de Gournay (sur Marne)
L'imaginable Pont mobile de Gournay (sur Marne)

 

Suite au sujet de ce pont:

L'imaginable Pont mobile de Gournay (sur Marne)

Et si le grand Léonard n’écrivait sur ses dessins qu’à l’envers, simplement pour ne pas être confondu avec son prestigieux prédécesseur qui lui n’écrivait qu’à l’endroit, comme on peut le constater sur ce dessin ?

(A, est un oeil)

 

Ainsi, première leçon du Maistre, pour penser construire un pont sur la Marne, commençons donc par en mesurer sa largeur…

Dessin extrait du : Traité d’architecture de Maistre Francesco di Giorgio Martini

 

ci dessous études de treuils  et d'élévateur par Giorgio Martini

 

L'imaginable Pont mobile de Gournay (sur Marne)
L'imaginable Pont mobile de Gournay (sur Marne)

Ci dessous Pont mobile par Léonard de Vinci et étude de poids

(dans le codex-atlanticus. ambrosiana)

L'imaginable Pont mobile de Gournay (sur Marne)
L'imaginable Pont mobile de Gournay (sur Marne)

 

Habitants de France en 1709:

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k822835/f4.item

 

35  feux pour Gournay correspond ainsi à la description d’Hector Malot qui voit, lors de son passage dans ce village en 1875, (un siècle et demi plus tard) « entre vingt et trente maisons… »

http://www.lemarneux.fr/2023/06/hector-malot-et-le-moulin-flottant-de-chelles.html

 

L'imaginable Pont mobile de Gournay (sur Marne)

  

Champs 42

Chelles 210

Noisiel 29

Gournay 35

Vaires 8

L'imaginable Pont mobile de Gournay (sur Marne)

 

C’est encore Delagrivre en 1740 qui donne le meilleur positionnement du Bras Saint Arnoult ainsi que du ru de Nesle ici en Y, qui sert sur sa droite de frontière avec Champs et sur sa gauche à alimenter en eau le Bras Saint Arnoult. Le pont sur la Marne n’existait plus à cette époque on traversait avec le bac. Le pont sur le Bras Saint Arnoult est bien représenté. En fait c’est la première cartographie réelle des lieux, qui ne se contente pas de représentation par petits symboles.

De plus c’est aussi la première carte au Monde positionnée au Nord géographique, quand toutes les autres sont aléatoires ou bien positionnée avec une  boussole, c’est à dire au Nord magnétique…

 

 

 

 

L'imaginable Pont mobile de Gournay (sur Marne)

Le Pont qui traversait la Marne a été gommé par De Fer, pour sa mise à jour de la carte de Gournay en 1728 ?

Contrairement à sa carte de 1690 (du Pont mobile), il montre bien ici que le Bras Saint Arnoult est important au point de former une île autour du château. Le seul pont restant au sud étant probablement un pont levis, car le Bras n’est pas très large à cet endroit.

 

L'imaginable Pont mobile de Gournay (sur Marne)

Les définitions des petits  symboles en 1728 se sont diversifiées, au point de faire une distinction entre les lieux où sont les Hommes, des habitations où sont les Filles, dans les Abbayes, les Prieurés, les Couvents ou encore les Monastères.

 

Constatation d’un moulin par la petite roue sur la rivière à coté du Château

Lucien Follet

 

 

lectures sur le sujet du Gournay ancien:

 

La goulette de la Maréchale

 

Elle a passé le pont de Gournay. Elle a bu sa honte

 

La Justice à Chelles en 1740

 

l'Eglise du Prieuré de Gournay

 

 

 

 

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