( En cliquant sur les images vous pouvez les agrandir)
(illustration du Colonel Chamberlin de Malot, rehaussé de crayons de couleurs)
Lorsqu'en venant de Paris, on descend à la station de Chelles, on trouve, en sortant de la gare, une route qui est coupée par la voie ferrée : celle de ces deux routes qui va vers la gauche conduit à Chelles; celle qui va vers la droite, au pont de Gournay.
(Journal de 1872)
Ce fut celle-là que prit le colonel, et il n'eut pas à marcher bien longtemps pour arriver au bord de la Marne.
(flèches de départ et d'arrivée du marcheur Malot sur une carte d'Etat major 1860 sans l'indication du canal de Chelles)
(Le château de Gournay vu de la rive droite)
( la berge du halage devant le château de Gournay rive gauche)
Un vieux château, entouré de vastes jardins ombragés; une petite église, basse, moussue, vingt ou trente maisons de paysans : c'est là tout Gournay.
(Jean-Batiste-Nicolas Pillement 1777 gallica.bnf.fr)
(Gustave Leheutre maison de Gournay)
(Gustave Leheutre le pont de Gournay)
A la tête du pont, entre le canal et la Marne, on trouve bien, il est vrai, quelques guinguettes et quelques restaurants.
(Ce restaurant se trouve à la droite du pont, ce sont les maisons vues sur cette gravure:)
(Gustave Leheutre le pont de Gournay et les maisons de Chelles)
(Premier restaurant du quai de Chétivet à Gournay rive droite de la Marne)
(Entrée nord par le canal du même restaurant)
( Gustave Leheutre la cote de Gournay en prairie)
Lorsqu’on remonte l'une ou l'autre rive de la Marne, à partir de ce pont, on est en pleine campagne, les champs et la grande culture, du blé, des prairies, des bois et de la terre labourée. C'est là le charme de ce pays; il est pour le plaisir des yeux, déjà loin de Paris.
Pour racheter la pente de la Marne, pour éviter ses détours et ses bancs de sable, on lui a creusé un canal latéral dans les prairies voisines ;
(Malot illustré par Ivan Loewitz, Archives de Fontenay-sous-Bois)
de sorte que la vieille rivière, maintenant abandonnée par la navigation, est revenue à cet état primitif qui devait être le sien avant l'invention des bateaux à vapeur et de la simple batellerie, alors que ses eaux coulaient librement, sans avoir rien à faire qu’à arroser ses bords.
(Gournay le quai de Chétivet aval)
Dans son lit, que ne sillonnent plus les péniches et les trains de bois, les graviers et les vases se sont accumulés où le courant les a poussés et çà et là ils ont formé de petits îlots cachés sous l'eau pendant la saison des pluies, émergés pendant les beaux jours et couverts alors de la verdure des joncs et des roseaux.
( Cabanon en roseaux, rive gauche à Champs-sur-Marne, erreur de dénomination)
( Cabane de roseaux, Malot illustré par Henri Lanos, Archives de Fontenay-sous-Bois)
( Entrelacs des îles photo actuelle)
Sur ses bords, les chemins qu'autrefois les chevaux de halage piétinaient, sont devenus des sillons gazonnés où pousse en toute liberté une végétation foisonnante de plantes herbacées et de buissons, qui se mêlent et qui luttent entre eux, les plus forts étouffant les plus faibles pour prendre peu à peu toute la place au soleil.
( Berge de Gournay Gustave Leheutre)
(Peinture de Jules Arthur Joets, bord de Marne, collection particulière)
Lorsqu'on parle des environs de Paris, il faut toujours, bien entendu, faire une distinction entre les jours de semaine et les jours de fête; car tel village calme et mort le jeudi, change du tout au tout le dimanche.
Si le colonel était venu à Gournay un jour de semaine, il eût trouvé les berges de la rivière désertes, et sur l'eau il n'eût vu, de loin en loin, qu'un vieux bachot amarré à une perche flexible, et dans ce bachot un ou deux hommes occupés à tirer du sable..
( En remontant l'ancien halage à Champs-sur-Marne, avec l'extraction du sable)
( Le Trou de Champs est une appellation datant du XVIIe siècle, c'est le chenal navigable de la Marne pour la batellerie)
Mais la journée du dimanche avait peuplé cette solitude; sur la rivière on voyait çà et là deux ou trois canots montés par des promeneurs pacifiques, qui ramaient tranquillement, et sur les berges, aux endroits propices, des pêcheurs à la ligne plus pacifiques encore, qui, immobiles comme des bonshommes de plâtre, ne quittaient pas des yeux leur flotteur.
( Malot illustré par Henri Lanos, Archives de Fontenay-sous-Bois)
( Photo de 1992 avant destruction des berges par les aménageurs)
Il y avait déjà assez longtemps qu'il marchait, suivant le cours de l'eau,
(Photo actuelle de la rivière Marne)
lorsqu’il aperçut une sorte de construction en bois, édifiée sur un bateau plat ; elle se trouvait placée en face d'une île, sur un petit bras de la rivière, qu'elle barrait entièrement, soit avec sa propre masse, soit avec un batardeau et des vannes.
(invention supposée du moulin flottant de Chelles par Lucien Follet)
Ces vannes, et surtout une grande roue dont les palettes verdies laissaient pendre dans la rivière de longues traînées d’herbe, disaient que cette construction était un moulin.
Mais ce moulin avait-il jamais tourné pour moudre quelque chose sous ses meules ? Ou bien n’était-ce pas plutôt une fabrique paysagesque, placée là pour produire un effet harmonieux?
Le certain, c’est que cet effet était tout à fait réussi et qu’un peintre bien inspiré n’eût pas trouvé mieux.
Au-dessus du toit en planches, recouvert de mousses, de grands peupliers penchaient leurs troncs lisses et leurs grosses têtes rondes se joignant d’un bord à l'autre, enchevêtraient leurs branches feuillues.
Des aunes, des saules et des osiers, garnissaient les berges de l’île et de la rive on voyait cette masse de verdure se refléter dans l'eau, au milieu des larges plaques vertes des nénuphars.
Hector Malot
(photo actuelle de la Marne une vue de la rive droite)
(Le moulin flottant , peinture de Carl Gustav Carus 1828)
( Carte d'Etat major de 1824, IGN, le moulin flottant avec une petite maison sur la berge et le pertuis traversant la rivière pour aller s'accrocher aux îles appartenant à Levis.
Les frontières des domaines sont en rouge)
Ont collaboré à cette page blog sur la découverte par Hector Malot, depuis la berge de Champs-sur-Marne, du moulin Bavière de Chelles:
Claude Schwartz, pour le Journal de la première parution de cette nouvelle d’Hector Malot, les illustrations de Gustave Leheutre, les dessins du Malot illustré, provenant des Archives de Fontenay-sous-Bois, pour son tableau du bord de Marne à Champs et diverses cartes postales anciennes.
Claude Galley, pour les documents anciens attestant de la présence du moulin Bavière (source de conflit avec Levis et avec le propriétaire du moulin de Chelles) aux Archives Départementales de Seine et Marne, où il s’était déplacé, pour en faire des photos, car ces pièces ne sont pas encore en ligne.
Lucien Follet pour la mise en page du blog, le texte d’Hector Malot recentré vers la description du moulin flottant, la recherche d’images de vues des lieux décrits, le dessin colorié supposé du moulin Bavière avec son pertuis entravant la rivière, ainsi que pour les photos d’aujourd’hui du bassin de la Marne…
(Archives Départementales: AD77 Dossier 3S 58)
le 13/10 /1814
A Monsieur le Préfet du département de Seine et Marne
Le sieur Louis André, propriétaire demeurant à Paris, rue des Forges, n° 2,
Requiert respectueusement la prompte intervention de votre autorité, pour qu’il soit mit un terme aux usurpations trop lontemps continuées du sieur Bavière.
Il est fermier d’un moulin sur bâteau placé sur la rive droite non navigable de la rivière de Marne.
Il a intercepté tout le court de la rivière par une digue qui la barre dans toute sa largeur, entreprise dont la répression a été inutilement ordonnée et par Décret expres et par nombre d’arrêtés.
Delevis est autorisé à construire un moulin face à son île de Montapeine.
Il est visible que l’Etat le nomme Delevis au lieu de « de Levis » grande famille de chevaliers depuis le milieu du XIIIe siècle…
Rappelons pour Levis que sa mère, née Michel propriétaire du château de Noisiel et ses deux soeurs ainsi que sa tante, propriétaire des châteaux de Champs et de Gournay ont été guillotinées pendant la Terreur.
Levis, seul descendant, c’était réfugié en Angleterre. Napoléon ayant permis le retour des réfugiés, il a dû, pour retrouver son héritage « racheter tous ses biens à l’Etat » ( à certifier ?) récupérant de fait tout le Domaine Michel de 1763 et celui de 1777, Gournay inclus (où il fit construire un pont en bois traversant la Marne puis, celui en métal, par deux fois)
Levis, par héritage, se retrouve aussi proprétaire des moulins de Torcy et de Noisiel. Connaissant le droit de contrôle total de la rivière à cet endroit de la Marne, acté dans l’achat de Montapeine par son grand-père maternel, et se souvenant que sa tante avait l’intention de construire un moulin sur ces terres, les îles amont lui appartenant, il a donc demandé le permis de construire un moulin sur la rivière et c’est ainsi retrouvé en conflit avec Baviere et son moulin flottant…
167 feux à Chelles en 1745 (c’est à dire d’habitations)
On comprend mieux les petits moulins de ces époques en fait ils sont tout simplement adaptés au nombres d’habitants.
Chelles avait deux moulins sur la rivière, bien suffisant pour cette population restreinte. Un moulin à Torcy, un à Noisiel, deux à Chelles, un à Brou, avant la Révolution… Avec aucune concurrence de transport de pain venant d’un autre village ?
La gravure du pont de Gournay doit être lue en miroir car gravée à l’endroit, le résultat sous la presse donne l’image inversée. C’est de cette manière que l’on doit la lire, la vue étant de Gournay en direction de Chelles et des maisons du restaurant qui s ‘y trouvent sur sa droite.
La signature et le court texte ont donc été gravés à l’envers sur la plaque.
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lemarneux