Si l’affaire Dreyfus a incontestablement contribué à l’avènement de la figure de l’intellectuel, celle de l’artiste engagé en ces circonstances a moins retenu l’attention.
Pourtant, des peintres, des sculpteurs, des graveurs et des caricaturistes se sont mobilisés pour la cause dreyfusarde ou, au contraire, ont rejoint les rangs du nationalisme et de l’antidreyfusisme.
Le champ artistique, dans son ensemble, a été enrôlé dans cette crise politique et morale, qu’on évoquera à travers des pratiques et des œuvres, qui furent pensées comme des interventions publiques.
Les quêtes de neutralité de Rodin, la frilosité de Maurice Denis, l’antisémitisme obsessionnel de Degas ou Cézanne, la fébrilité d’Henry de Groux, le militantisme exalté d’Émile Gallé, l’activisme du sculpteur nationaliste Jean Baffier sont quelques-uns des parcours d’artistes qu’on abordera, en prenant en compte, entre éthique et esthétique, la réception critique de leurs œuvres confrontées à l’Affaire.
On n’oubliera pas non plus d’évoquer l’attitude d’Eugène Carrière.