Après la destruction du pont de Lagny par l’armée du roi Henry de Navarre, pont qui permettait le passage du nord vers le sud et la ville fortifiée, l’armée de Farnèse reconstruit en amont un pont flottant fait de barques accolées.
« Le 1er septembre 1590, une compagnie de pied namuroise, composée de quatre cents hommes, passait à Meaux pour aller rejoindre Farnèse devant Lagny.
Dans les derniers jours d'août, des bateaux chargés de blé et farines furent envoyés de Meaux à Paris. Les convois de vivres devaient être escortés par des troupes et des canons, car il fallait forcer le passage de Lagny occupé par les soldats de Henri.
Craignant d'être pris entre l'armée espagnole et les cinquante mille hommes enfermés dans Paris, Henri s'éloigna de cette ville et se dirigea sur Claye.
Il assembla son conseil sur la conduite à tenir.
Il fut décidé qu'il était plus prudent de se porter sur Chelles, au-dessus de Lagny, d'où l'on dominait le passage de la Marne.
Aussitôt que l'armée royale eut abandonné Claye, Farnèse vint s'y loger et, de là, marcha vers Chelles. Henri voulait la bataille, mais Farnèse voulait débloquer Paris avant de livrer une bataille. »
(avec beaucoup plus de renseignements encore de ces batailles, sur le site: de Jacques-Amédéé Le Paire:
https://www.wissensdrang.com/dmisc10fr.htm#Ch.9
( Wikipédia ci dessus)
La suite de l’histoire de ce blocus de Paris donne la date de 1591 pour le
Journal La France Militaire relatant la destruction du moulin de Chelles.
Le Jounal de Seine et Marne évoque également ce fait d’armes. En fait il s’agissait, dans le texte, de l’abbé Bonno et non Bona, de même il faut lire « De Bellin » pour le commandant des catholiques qui organisa cette descente de la Marne en bateaux pour aller alimenter Paris toujours sous blocus du roi de Navarre…
Société archéologique : Procès verbal de la séance
du samedi 6 octobre.
1907_10_11_Journal_de_Seine_et_Marne_Abbé Bonno.pdf
M. l’abbé Bonno donne connaissance de deux découvertes intéressantes faites depuis la dernière réunion:
2. D’armes en fer provenant du dragage du lit de la Marne, entre Chelles et Gournay, près de l’ancien moulin.
Ces armes (collections de M. Tarbé des Sablons et de M. l’abbé Bonno) comprennent des sabres, des poignards, des haches, des boulets de canon, etc., datant du siège de Paris par Henri IV et expliquent un passage du livre de Rochard intitulé:
Antiquités de Meaux T.II, p.220:
« Au mois d’avril 1591, un nommé Beslin, escortant avec deux pièces de canon et 500 soldats français et italiens, un convoi de vivres pour Paris par la Marne attaqua le moulin de Chelles. Les soldats du roi, qui s’y étaient fortifiés pour défendre le passage de la Marne. Le moulin fut pris d’assaut et brûlé et la troupe noyée et massacrée.
Ces armes appartenant en partie à M. l‘abbé Bonno seront déposées chez notre collègue M. Bivard qui, gracieusement, met une salle de son musée à la disposition de la société. »
https://bibliotheques-specialisees.paris.fr/ark:/73873/pf0000855729/v0001.simple.selectedTab=record
Carte de Lagny à Gournay, descente du convoi, avec les lieux dangereux de blocages possibles dûs à la présence des biefs étroits des trois moulins de Torcy de Noisiel et de Chelles, ainsi que du fortin de Gournay et de son pont en travers de la rivière…
Tout cela doit être contrôlé, sécurisé et détruit si une présence hostile se manifeste…
Tansport de ravitaillement en bateaux au départ de Lagny avec un canon monté sur la barque en tête de convoi:
(cette partie de texte étant une déduction de cette affaire du Moulin détruit de Chelles et non une reconstitution historique…)
Vue du Moulin de Chelles depuis l’aval rive droite de la Marne . Presque au centre de la rivière sa position est idéale car on ne peut que passer par la droite pour descendre ou monter la rivière… (qui n’est pas dessinée dans cette image de L.F)
(image d'époque dans Gallica)
Défenseurs embusqués au Moulin de Chelles, armés de fusils pour attaquer les convoyeurs de nourritures qui descendaient la rivière en bateaux.
On imagine le désespoir du patron du Moulin, mais rien ne laisse penser que ce moulin n’aurait pas de toutes façons été détruit…
L’armée des catholiques confédérés se portant au secours de Paris assiégé par le roi de Navarre comprend 500 hommes au départ de Lagny cela donne la répartition suivante:
100 cavaliers et hommes armés à pieds sur la route de Lagny à Chelles au nord.
100 hommes armés longeant le contre-halage nord de la rivière, rive droite
100 hommes armés longeant le halage sud de la rivière, rive gauche
100 cavaliers et hommes armés sur la route sud de Lagny à Gournay.
les 100 qui restent sont les mariniers et les canoniers sur le convoi de bateaux à fond plat qui descendaient la rivière naturellement au fil de l’eau accrochés les uns aux autres le premier et le dernier munis de canons…
Descendre la Marne à pieds correspond approximativement à la vitesse du flux de l’eau de la rivière en temps normal, donc à la même allure que le train de bateaux qu’il suffit de retenir parfois depuis la berge du halage…(Ces halages de berges étaient de véritables autoroutes très bien entretenus sans aucune végétation, bien plus pratiques que les routes à travers champs)
Chelles, vue de la situation du passage étroit et de l’attaque du convoi. Cette carte (BNF 1694) est positionnée avec le sud vers le haut de l’image, c’est à dire que Paris se retrouve sur la droite. Le Moulin de Chelles s’avance par un ponton au milieu de la rivière, avec un pertuis de terre et de rondins de bois allant s’accrocher à la grande île. (Ces îles réunies par des pertuis pour rediriger le flux de l’eau appartiennent au Moulin. )
(avec rajouts en couleurs des informations)
Le Barrage: pertuis de terre tassée entre des rondins de bois, reliant les îles de Chelles depuis sa création, bien entretenus et toujours visibles en 1900...
Les premiers coups de feux interviennent quand le bateau de tête arrive au sortir du chenal des îles, (flèche verte) seule partie navigable de la Marne à cet endroit.
Mais c’était sans compter que ce bateau de tête était muni d’un canon.
Immédiatement le convoi est stoppé et les soldats catholiques condédéres qui avançaient sur la berge nord de contre-halage se précipitent sur le ponton du Moulin.
Des tirailleurs protestants cachés sur les îles, que l’on peut atteindre depuis les pertuis du Moulin ( flèches rouge) attaquent les convoyeurs, ils sont si près des bateaux que cela leur est très facile.
Mais eux aussi sont rapidement neutralisés par les nombreux soldats catholiques qui longeaient la berge sud du halage en surplomb des bateaux.
Le Moulin est en feux personne n’échappe au massacre…
(image d'époque dans Gallica)
Venant de l’Est depuis Lagny par le Nord et par le Sud, les deux armées de confédérés catholiques réunies sont maintenant en présence du fortin de Gournay…
Mais là aucune garnison tous les feux sont éteints, les quelques soldats présents de Gournay se gardent bien d’intervenir…
Le chenal de passage des bateaux se trouve rive gauche. On fait démolir ce pont ainsi que le petit fortin rive droite du chemin de contre-halage (flèche rouge) qui entrave et traverse la Marne et le convoi passe sans encombre désormais… En poursuivant comme décrit précédemment les quatre groupes d’hommes armés arrivent jusqu’à la capitale qui se meurt-de-faim… (Il est possible que le fortin et le pont de Gournay aient été détruits précédemment suite à l’attaque de Lagny et des premiers convois vers la capitale)
Carte (26. Carte de la prevosté et vicomté de Paris.pdf) où l’on distingue très bien les deux routes possibles entre Paris et Lagny. Au nord en passant par Chelles sans aucun pont à traverser, au sud en passant par Champs mais avec le pont de St Maur sur la Marne.
« Après cet échec cuisant Paris a pu s’alimenter et Henri a dû renoncer au siège pendant plusieurs années.
Il comprit qu’il lui faudrait fortifier Gournay, tâche qu’il confia à son ingénieur et topographe Claude de Chastillon et y laisser une garnison importante pour réussir un blocus durable.
Le chevalier-poète Odet de la Noue y fut capitaine de cinquante hommes en 1594. »
(Claude Schwartz société historique de Gournay)
Odet de la Noue
(anonyme sur Wikipédia)